Un nouveau rapport de l’UNICEF indique qu’en l’espace de trois ans, 67 millions d’enfants ont été privés d’un ou de plusieurs vaccins en raison des perturbations induites par la pandémie, notamment la surcharge des systèmes de santé et la réaffectation des ressources déjà maigres, mais aussi du fait des conflits, des contextes de fragilité et d’une perte de confiance à l’égard de la vaccination.
NEW YORK/ BRUXELLES, le 20 avril 2023 – Pendant la pandémie de COVID-19, la perception de l’importance de la vaccination infantile a diminué chez les habitants de 52 des 55 pays à l’étude, avertit aujourd’hui l’UNICEF dans un nouveau rapport sur la vaccination.
Une perte de confiance envers la vaccination
Le rapport La Situation des enfants dans le monde 2023 : Pour chaque enfant, des vaccins met en lumière une perte de confiance supérieure à un tiers en République de Corée, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Ghana, au Sénégal et au Japon après le début de la pandémie. Les nouvelles données, recueillies par The Vaccine Confidence Project et publiées aujourd’hui par l’UNICEF, indiquent que la Chine, l’Inde et le Mexique sont les seuls pays étudiés dans lesquels l’importance perçue des vaccins est restée stable ou a même progressé. Dans la plupart des pays, les personnes âgées de moins de 35 ans et les femmes étaient plus susceptibles d’être moins convaincues de l’importance de faire vacciner les enfants après le début de la pandémie.
La vaccination continue de remporter un soutien relativement important en dépit des baisses observées. Dans presque la moitié des 55 pays étudiés, plus de 80 % des personnes interrogées ont en effet jugé qu’il était important de faire vacciner les enfants. Cependant, le rapport met en garde contre le risque de voir s’accentuer la menace posée par cette réticence à la vaccination, sous l’effet cumulé de plusieurs facteurs tels que l’incertitude relative à la riposte contre la pandémie, l’accès plus généralisé aux fausses informations, la perte de confiance à l’égard des experts et la polarisation politique.
67 millions d’enfants ayant manqué des vaccins entre 2019 et 2021
Fait alarmant, cette baisse de confiance s’inscrit dans le contexte du plus grand recul ininterrompu des vaccinations infantiles en trente ans, occasionné par la pandémie de COVID-19. En effet, cette dernière a engendré la suspension des services de vaccination dans presque tous les pays, notamment en raison des lourdes exigences pesant sur les systèmes de santé, de la réaffectation des ressources en faveur de la vaccination contre la COVID-19, des pénuries de personnel soignant et des mesures de confinement à domicile. Le rapport publié aujourd’hui s’inquiète du trop grand nombre d’enfants – 67 millions au total – ayant manqué des vaccins entre 2019 et 2021, avec pour conséquence, des taux de couverture vaccinale en baisse dans 112 pays. Les enfants nés juste avant ou pendant la pandémie auront bientôt dépassé l’âge auquel les vaccins sont habituellement administrés.
48 millions d’enfants n’ont reçu aucune vaccination entre 2019 et 2021
La pandémie a également exacerbé les inégalités existantes. En effet, la vaccination reste indisponible, inaccessible ou inabordable pour beaucoup trop d’enfants, en particulier ceux issus des communautés les plus marginalisées – une population déjà difficile à atteindre avant la pandémie – dans un monde où les taux de vaccination stagnent depuis près de dix ans. Parmi les 67 millions d’enfants qui n’ont pas reçu tous leurs vaccins de routine entre 2019 et 2021, 48 millions n’en ont reçu aucun – ce sont des enfants « zéro dose ». Si, fin 2021, l’Inde et le Nigéria (deux pays affichant une très forte natalité) recensaient la plus grande population d’enfants zéro dose, c’est au Myanmar et aux Philippines que leur nombre a le plus notablement augmenté.
Etat des lieux en Belgique
En Belgique aussi, la confiance dans les vaccins a chuté après la pandémie de COVID-19, passant de 87,3 % à 71,9 %. Fait remarquable, la confiance dans les vaccins dans les groupes d'âge plus jeunes (<35 ans) a diminué de façon spectaculaire (passant de 84,6 % avant la pandémie à 61,7 % après la pandémie), alors que dans les groupes d'âge plus âgés (> 65 ans), elle a augmenté (passant de 88,6 % avant la pandémie à 91,4 % après). Le déclin de la confiance dans la vaccination est plus marqué chez les femmes (passant de 88 % avant la pandémie à 68,7 % après) que chez les hommes (86,5 % avant la pandémie et 75,4 % après). L'augmentation générale du scepticisme à l'égard de la vaccination infantile dans notre pays reste préoccupante.
Recommandations de l’UNICEF
Pour résoudre cette crise de la survie de l’enfant, l’UNICEF appelle les gouvernements à accroître leurs investissements en faveur de la vaccination et à collaborer avec les parties prenantes pour débloquer les ressources disponibles, notamment le solde des fonds alloués à la lutte contre la COVID-19, de façon à déployer de toute urgence des campagnes de rattrapage et à intensifier la vaccination afin de protéger les enfants et de prévenir des flambées épidémiques. Le rapport enjoint les gouvernements à :
- Recenser et atteindre d’urgence tous les enfants, en particulier ceux qui n’ont pas reçu l’intégralité de leurs vaccins durant la pandémie de COVID-19 ;
- Renforcer la demande à l’égard des vaccins, en veillant notamment à instaurer un climat de confiance ;
- Accorder la priorité en matière de financement aux services de vaccination et aux soins de santé primaires ;
- Bâtir des systèmes de santé résilients en investissant en faveur des agentes de santé, de l’innovation et de la fabrication locale.