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Mise à jour : 16 décembre 2025
À la mi-décembre, plus de 500.000 personnes (dont 104.000 enfants) ont été nouvellement déplacées au Sud-Kivu. À noter que d'autres déplacements sont à prévoir à mesure que les hostilités s'étendent à d'autres régions.
Les dommages causés aux établissements de santé et la fermeture de certains hôpitaux ont perturbé les soins essentiels, tandis que le nombre de blessé·es liés au conflit augmente fortement (environ 155 par semaine), submergeant les services de santé.
Des campagnes de recrutement de masse, menées par les parties au conflit et ciblant les jeunes, accroissent considérablement le risque d'enlèvement et d'enrôlement des enfants. Sans compter que la RDC enregistre déjà l'un des plus grands nombres de cas vérifiés de recrutement d'enfants dans le cadre d'un conflit depuis le début du recensement mondial des données en 2005.
Quant au taux de violence sexuelle à l'encontre des enfants, il a atteint des niveaux scandaleusement élevés. De récents rapports montrent que les enfants représentent plus de 40% des 10.000 cas de violences sexuelles et de viols signalés pour les seuls mois de janvier et février. L'UNICEF estime qu'au cours de la phase la plus intense du conflit de cette année dans l'est de la RDC, un enfant a été violé toutes les demi-heures.
Propagation des maladies
Dans la province du Sud-Kivu, le système de santé est complètement saturé : les hôpitaux sont débordés, tandis que des pénuries de médicaments et d’équipements se font ressentir. Quinze centres de santé ont été presque totalement détruits et des épidémies de choléra, de rougeole et de variole frappent les populations, exacerbées par des conditions sanitaires déplorables.
La région centrale du Kasaï fait face à une situation extrêmement difficile en raison d'infrastructures défaillantes et d'une capacité logistique limitée. L’épidémie d'Ebola, centrée sur la zone de santé de Bulape, menace de s’étendre aux zones voisines. Cette seizième épidémie d’Ebola dans le pays survient dans une région marquée par un système de santé faible et des conditions sanitaires précaires.
En réponse, le Ministère de la Santé, l’UNICEF, l’OMS et d’autres organisations humanitaires renforcent les centres de traitement, intensifient les mesures d’hygiène et de décontamination, et développent des actions de sensibilisation communautaire. Près de 45.000 doses de vaccin sont actuellement (en date du 24 septembre) en route vers la province du Kasaï.
Du 5 au 24 septembre, 47 cas suspects ou confirmés ont été recensés, dont 14 chez des enfants. Parallèlement, 25 décès sont à déplorer, dont 12 enfants. Le foyer principal se situe à Bulape, avec des risques dans les zones voisines de Mweka et Mushenge.
Épidémie de choléra
En 2025, la RDC est confrontée à la plus grave épidémie de choléra depuis 25 ans. À la mi-décembre, 17 des 26 provinces sont touchées (dont Kinshasa), plus de 64.000 cas ont été signalés (dont 14.818 enfants) et l'épidémie a déjà fait 1.888 victimes.
À noter que dans des régions telles que Kinshasa, où la population a été peu exposée au choléra par le passé, le faible niveau de sensibilisation à la maladie et les retards dans la recherche de soins contribuent à des taux de mortalité élevés.
La crise est également aggravée par des facteurs structurels et environnementaux : l'accès limité à l'eau et à l'assainissement continue de favoriser la propagation du choléra. Selon l'enquête démographique et sanitaire (EDS), seuls 15% de la population ont accès à ces services de base. Les conflits persistants, les déplacements de population, l'insécurité dans l'est du pays et les catastrophes climatiques telles que les fortes pluies et les inondations aggravent égalementla situation.
En réponse à cette épidémie, le gouvernement a lancé l'initiative 'River Congo without cholera' (Le fleuve Congo sans choléra), qui vise à améliorer les mesures de contrôle du choléra dans les ports, à mettre en œuvre des plans sanitaires pour les bateaux, à sensibiliser les équipages et les passager·ères et à améliorer l'accès à l'eau potable le long du fleuve.
L'UNICEF prévient et lutte contre le choléra, à travers le soutien aux équipes d'intervention rapide qui utilisent l'approche CATI (Case-Area Targeted Intervention) pour contrôler les épidémies, le soutien aux centres de traitement du choléra et le renforcement des structures WASH dans les écoles et les communautés.
Impact sur l’éducation
Dans ces régions, l'éducation a également été gravement affectée. On estime à 391.015 le nombre d'élèves qui ne sont actuellement pas scolarisé·es, tandis que 15,4% des écoles restent fermées en raison du conflit. Rien qu’à Bukavu, 19 écoles se sont transformées en refuges temporaires pour les familles déplacées. Ce qui met en évidence le besoin urgent de solutions alternatives pour soutenir l'éducation, mais aussi les besoins humanitaires.
L'UNICEF et ses partenaires travaillent dans le Sud-Kivu pour rouvrir les écoles, plaident pour le déminage et évaluent les infrastructures endommagées pour une réhabilitation rapide. Jean François Basse, représentant d’UNICEF RDC, a visité la région début mars 2025 et a témoigné de la situation désastreuse pour les enfants : « J'ai rencontré des enfants non accompagnés qui ont tout perdu. Leur détresse est immense. Chaque jour sans une aide humanitaire renforcée, leur souffrance s'aggrave. »
En réponse à cette situation critique, l'UNICEF et ses partenaires intensifient l'aide vitale pour les enfants et les familles. 40% des enfants non accompagnés ont déjà été réunis avec leurs familles dans la province. De plus, nous avons mis en place quatre "points d'écoute", offrant un soutien psychosocial aux enfants et aux familles touchées.
En raison de la destruction des infrastructures à Goma, capitale du Nord-Kivu, et dans ses environs, l'approvisionnement en eau a été interrompu, affectant des centaines de milliers de personnes. Actuellement, nous fournissons quotidiennement de l'eau potable à près de 700.000 personnes, dont 364.000 enfants, grâce à une distribution d'urgence et à des stations de chloration installées le long de la côte. Dans le Sud-Kivu également, l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires s'améliore. Trois stations de traitement fournissent d’ailleurs 180.000 litres d'eau propre chaque jour.
La situation demeure cependant extrêmement critique : de nombreuses personnes continuent de consommer de l'eau non traitée provenant du lac Kivu, ce qui favorise la propagation du choléra. Les enfants vivant dans les zones de conflit courent en effet trois fois plus de risques de mourir de maladies liées à l'eau que de violences. En 2025, 377 cas de choléra ont déjà été signalés, dont 146 en février. Ce mois-là, l'UNICEF et ses partenaires ont également fourni des soins de santé mentale et un soutien psychosocial à plus de 1.900 enfants dans le pays. Par ailleurs, nous renforçons l'aide apportée aux centres de santé pour lutter contre les épidémies de mpox (variole du singe) et de choléra, notamment à travers des traitements médicaux, des soins nutritionnels et un accompagnement en santé mentale.
L'UNICEF appelle toutes les parties à donner la priorité à la protection civile et à permettre aux agences humanitaires de faire leur travail.
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