Liudmyla Voloshenko, 41 ans, peigne les cheveux de sa fille Sonia, 10 ans, dans l'une des rames du métro de Kharkiv. 

"Aujourd'hui, ma mère et moi sommes rentrées à la maison pour nous laver les cheveux et prendre quelques affaires", dit Sonia en se blotissant dans les bras de sa mère. "C'était très effrayant." 

Des millions d'enfants comme Sonia subissent chaque jour des souffrances indicibles. Leur bien-être, leur sécurité et leur éducation sont en danger.

"Il est très difficile de rester ici avec les enfants", dit Lidumyla. "Ils veulent sortir, faire du patin à roulettes ou du vélo. Ils veulent aller à l'école et être avec leurs amis."

En effet, à cause de la guerre, les enfants de Kharkiv ne vont pas non plus à l'école. C'est pourquoi des volontaires, soutenus par l'UNICEF, ont aménagé des espaces dans les stations de métro où des enseignants et des psychologues s'occupent quotidiennement des enfants.  

"Il y a environ 1.500 enfants dans les 29 stations de métro. Des tout-petits jusqu'à des adolescents de 15 ans", explique Maryna Ladyzhenska, 48 ans. Elle organise des activités éducatives pour les enfants. "L'UNICEF apporte son soutien à nos groupes de volontaires et a fourni de l'argent pour décorer les terrains et espaces de jeu, pour l'achat de la papeterie, du matériel pédagogique, de la pâte à modeler, de la peinture et des jouets.  " 

Selon Maryna, certains enfants ne sont plus remonté à l'extérieur depuis quatre semaines. Beaucoup ont peur de sortir du métro. "Le plus gros problème est le manque de contacts sociaux et d'éducation", explique Maryna. 

"En raison de l'énorme stress qu'ils subissent, les enfants souffrent d'insomnie, d'agressivité incontrôlée et même de troubles mentaux", explique Yuliia. "Pour améliorer leur état émotionnel, nous faisons de la gymnastique et des exercices de respiration. Nous essayons de les distraire de la guerre." 

Yuliia enseigne également le théâtre. Une pièce de théâtre qu'elle a préparée avec les enfants sera bientôt présentée dans la station de métro.

"C'est une pièce sur deux planètes - une bonne et une mauvaise", explique Sonia, qui est désormais également réalisatrice et scénariste. "Et la mauvaise planète attaque la bonne."

Vadym, 14 ans, nous raconte que son école a été touchée par une bombe. Toutes les fenêtres ont été brisées. Aujourd'hui, il vit avec sa maman dans une rame de métro.

"Il fait parfois très froid sur les quais", dit-il. "Mais en général, c'est plus ou moins OK."

"Ici, les cours ne sont plus donnés comme à l'école avec 30 élèves en classe, avec des explications qui sont comprises par certains et pas par d'autres. Dans cet endroit on vous explique tout de façon très personnelle. Personne n'a peur de poser des questions."

Des enseignants, des psychologues, des entraîneurs sportifs et des professeurs de danse mettent leur expertise au service des activités proposées dans des espaces spécialement prévus pour les enfants.

"Ce sont tous des gens qui sont impliqués dans l'éducation d'une manière ou d'une autre", explique fièrement Maryna. "Ils se sont portés volontaires spontanément et s'impliquent à fond dans ce projet qui profite aux enfants et aux jeunes".

Jusqu'à présent, plus de 4.500 enfants et adolescents ont déjà participé aux activités récréatives proposées dans les stations de métro de Kharkiv. L'UNICEF et ses partenaires prévoient de déployer environ 500 bénévoles, éducateurs et psychologues pour aider les enfants, les adolescents et leurs familles à supporter ces moments difficiles.

En collaboration avec des ONG et des mouvements de jeunesse de tout le pays, nous avons mis en place une équipe spéciale de protection de l'enfance. Celle-ci apporte un soutien psychologique aux enfants et s'attaque à l'impact que la guerre peut avoir sur leur santé mentale.

"Notre objectif est de soutenir les enfants, les adolescents et les jeunes non seulement en ce qui concerne des besoins fondamentaux tels que l'eau, la nourriture et l'hygiène, mais aussi en leur fournissant une éducation et un soutien psychosocial", explique Liliya Lyubomudrova, responsable du développement des adolescents pour l'UNICEF en Ukraine. "Il est extrêmement important de rester résilient, de développer les bons mécanismes d'adaptation et de faire face aux expériences traumatisantes. C'est particulièrement vrai pour les enfants et les adolescents. C'est un long marathon, et la résilience est la clé de la survie pendant la guerre mais aussi au-delà."