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Mis à jour 09/02/2022
Le conflit armé qui a éclaté au Tigré, en novembre 2020, a provoqué une grave crise humanitaire dans la région. La violence et l’insécurité ont poussé près de 5 millions de personnes sur les routes. Beaucoup de familles ont marché plusieurs jours voire des semaines pour gagner la frontière avec le Soudan. Les camps où l’on accueille principalement des femmes et des enfants sont pour la plupart surpeuplés et les conditons d’hygiène y sont déplorables.
L’UNICEF estime à 26,3 millions le nombre de personnes qui nécessitent une aide humanitaire. Dans ce nombre, il y a 14 millions d’enfants.
Sur place et avec nos partenaires, nous distribuons du matériel vital et assurons des services essentiels : médicaments, nouriture, eau potable, hygiène et protection des enfants.
Birkey Negassi porte son fils Haftom Zenebe sur son dos. Le petit garçon a deux ans. Il est arrivé avec sa maman au camp de de réfugiés de Mai Tsebri il y a quelques mois. Le conflit du Tigré a détruit la vie de la jeune femme. Birkey finissait l'école et s'est mariée juste après à l'âge de 17 ans. Pour gagner sa vie, elle tenait un bar à Korarit, dans la partie ouest du Tigré. Son mari travaillait à la maison, dans leur feme.
Lorsque le conflit a éclaté, le monde de Birkey s'est écroulé. Elle a tout perdu.
“Du jour au lendemain, nous n'avions plus rien. Nos meubles, nos animaux, nos effets personnels. Nous avons dû tout abandonner”, raconte la jeune maman. "Je ne sais pas pourquoi tout cela nous est tombé dessus. Nous avions une belle vie.”
Après une semaine de marche, Birkey et sa famille sont arrivés au camp de réfugiés de Mai Tsebri. C'était le 10 décembre 2020.
De plus en plus de personnes sont sous-alimentées au Tigré. Le conflit a débuté en novembre, au moment où l'on engrange les récoltes, le produit de toute une année. Beaucoup de fermes ont été pillées : vols des stocks d'engrais ou des vaccins pour les animaux. Plus de 5 millions de personnes ont fui et ne peuvent donc plus cultiver leurs champs.
Nous constatons des pics importants de malnutrition. C'est d'autant plus inquiétant qu'ils interviennent dans une région qui présentait déjà de mauvais indicateurs dans ce domaine, avant le conflit. La crise sanitaire provoquée par le coronavirus et les invasions de locustes entre 2019 et 2020 avaient déjà fait augmenter les taux de malnutrition de 30 %..
Les enfants ne bénénficient plus des soins médicaux indispensables parce que la plupart des infrastructures de santé ne sont plus opérationnelles et que les campagnes de vaccination ont dû être interrompues.
Des équipes de nutrition mobiles distribuent de la nourriture à des dizaines de milliers d'enfants, de femmes enceintes et de mères allaitantes là où les besoins sont les plus élevés. Les enfants de moins de 5 ans sont examinés afin de voir s'ils présentent des signes de malnutrition et reçoivent des traitements adaptés le cas échéant.
Grâce à leur mobilité, de petites antennes médicales vont également à la rencontre des populations et assurent des services santé de base.
Depuis janvier 2021, l’UNICEF a fait bénéficier plus de 2,9 millions de personnes de services préventifs et curatifs essentiels dans le domaine de l’alimentation et traité plus de 330.000 enfants souffrant de malnutrition.
Et pour comble de malheur, la catastrophe alimentaire actuelle se double d'une crise de l'eau. Beaucoup de points de distribution d'eau ont en effet subi des dommages importants entraînant des pénuries extrêmes. Le pompage de l'eau et les systèmes d'égouts fonctionnent la plupart du temps avec des générateurs et des circuits électriques. Beaucoup d'entre eux ont été détruits ou volés. L'eau consommée par les familles est donc souillée et provoque des maladies diarrhéiques chez de nombreux enfants
La situation sanitaire et les conditions d'hygiène sont elles aussi fort préoccupantes. Dans de nombreux endroits, les personnes déplacées ou réfugiées n'arrivent pas à être prises en charge selon les normes minimales d'hygiène. Les camps sont surpeublés, les conditions d'hygiène défaillantes et la sécurité n'est pas assurée. Hommes, femmes et enfants doivent parfois partager des dortoirs ou dormir à la belle étoile. Très souvent, il n'existe pas de douches, de toilettes ou des points d'approvisionnement en eau potable.
Dans pareilles conditions, les risques d'exploitation des enfants et de transmission de la COVID-19 sont très élevés. Les milliers de personnes sur les routes sont en quelque sorte dse bombes à retardement au niveau de la santé. Avec l'approche de la saison des pluies, les maladies véhiculées par l'eau et le choléra risquent aussi de flamber.
L'UNICEF est présent sur place et assure des services essentiels au niveau de l'approvisionnement en eau potable, des installations sanitaires pour les enfants et les familles qui sont parvenues à échapper à la violence du conflit.
Nous coordonnons également les réparations des systèmes d'approvisionnement d'eau, acheminons de l'eau potable à l'aide de camions citernes et distribuons des kits d'hygiène qui comprennent des petit réservoirs à eau pliables, des briques de savon et des tablettes désinfectantes pour l'eau.
Depuis janvier 2021, l’UNICEF a distribué de l’eau potable à près de 4 millions de personnes.
Les écoles ont d'abord dû fermer leurs portes en raison de la COVID-19. Et ensuite à cause du conflit. Selon les estimations, près de 1.4 million d'enfants ne seraient plus allés à l'école depuis mars 2020. De nombreuses écoles ont été détruites ou pillées. Certaines abritent des familles déplacées, d'autres sont occupées pas des factions armées.
"J'ai rencontré Merhawit, une jeune fille de 16 ans. Elle a fui les combats dans l'ouest du Tigré. Avec son petit frère sur le dos, elle a marché 300 km. 300 km avec des tongs complètement usées ! Avant le conflit, elle était la meilleure de sa classe en physique. Aujourd'hui, elle cherchait de la nourriture. Cela fait plus d'un an qu'elle n'a plus vu une salle de classe." - James Elder, responsable régional de la communication pour le Bureau de l'UNICEF en Afrique australe et orientale.
Les enfants ne pourront retourner à l’école que lorsque les conditions de sécurité le permettront, quand les établissements scolaires endommagés (25% de la totalité selon le ministère de l’Éducation) auront été remis en état et enfin au moment où toutes les personnes hébergées dans des écoles auront retrouvé un logement ou bénéficié d'une prise en charge.
Les réouvertures d'écoles sont notre priorité mais entretemps, nous distribuons des kits d'éducation et collaborons avec des partenaires locaux afin d'aménager des espaces d'apprentissage temporaires pour les réfugiés, dans les camps et dans des communautés d'accueil.
Dans un tel contexte, les enfants sont plus vulnérables et plus exposés aux violences sexuelles, notamment dans les camps. Depuis le début de l'année, un centre de protection de l'enfance, soutenu par l'UNICEF, accueille chaque jour au moins trois victimes de violences sexuelles ou sexistes. Les témoignages recueillis font état d'agressions parfois extrêmement violentes et d'une cruauté indicible.
Les femmes qui ont survévu à des agressions sexuelles bénéficient d'un suivi médical et psychologique ainsi que de "kits de dignité". Avec l'aide de nos partenaires, nous avons pu recruter 160 assistants sociaux et les mettre à la disposition des enfants et des jeunes non-accompagnés ou séparés de leurs famille afin de leur assurer une protection adaptée et un suivi psychosocial si nécessaire.