La situation de ces dernières semaines en Haïti, qui connaissait déjà une grande crise politique et sécuritaire, inquiète particulièrement. Les départements de l’Artibonite et de l’Ouest, incluant la capitale Port-au-Prince, sont confrontés à une situation alarmante : l’extension des groupes armés, l’accroissement de la violence et de l’insécurité, les nombreuses destructions, le blocage des routes et l’effondrement du système de santé mettent quotidiennement en danger la vie d’innombrables enfants. Dans ce contexte, près de 125.000 d’entre eux sont menacés par la malnutrition aiguë et risquent de perdre la vie.
Les résultats du dernier rapport de l’IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) font état d’une augmentation de 19% du nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère en Haïti. De plus, 1,64 million de personnes sont confrontées à une insécurité aiguë correspondant à la phase 4 de la classification du niveau d’urgence, ce qui augmente le risque d’émaciation (malnutrition aiguë) chez les enfants.
Au cours des premiers mois de 2024, Haïti assiste à une escalade continue des conflits et à des détériorations imprévisibles de la situation sécuritaire, déclenchées par un accroissement des protestations et des manifestations dans tout le pays. La violence armée, notamment à la fin du mois de février, a entraîné des déplacements répétés de populations, principalement dans le département de l'Ouest. Les hôpitaux ont été contraints de fermer en raison de l'insécurité, seuls deux d'entre eux sont toujours partiellement opérationnels. Les systèmes scolaires ont été gravement touchés, compromettant l'accès à l'éducation de centaines de milliers d'enfants. Parallèlement, trois femmes et enfants sur quatre à Port-au-Prince n'ont pas accès aux interventions de base en matière de santé publique et de nutrition.
Malgré le fait que la situation actuelle ait limité l’acheminement de l’aide humanitaire et ait affecté un système de santé déjà fragile, l’UNICEF a pu aider plus de 119.000 personnes en février dernier, y compris des personnes déplacées.
Une aide qui s’est traduite de diverses façons :
- Un accès à l’eau et aux produits d’hygiène a été fourni
- Plus de 55.000 enfants ont bénéficié d’un dépistage de l’émaciation
- Plus de 40.000 femmes et enfants ont eu accès à des services de santé
- Plus de 1.000 enfants ont bénéficié d’une éducation en situation d’urgence
- Plus de 9.000 enfants ont bénéficié d’un soutien psychosocial
En collaboration avec le gouvernement et ses partenaires, l’UNICEF aide à maintenir les systèmes et services nationaux et régionaux, mais aussi les services de proximité dont dépendent les enfants et les familles dans les zones les plus instables.
En 2024, le montant nécessaire pour pouvoir répondre aux besoins humanitaires des femmes et des enfants en grande situation de vulnérabilité en Haïti est estimé à environ 206 millions d’euros (soit 221,7 millions de dollars). L’appel humanitaire est pourtant actuellement confronté à un déficit de financement de 92%. Selon Catherine Russel, directrice générale de l’UNICEF : « La population en Haïti a besoin de toute urgence de sécurité, afin de pouvoir accéder aux services vitaux dont elle dépend et pour que les travailleurs humanitaires puissent atteindre les enfants et les familles qui en ont désespérément besoin. »
- Une accélération des efforts de la part de la communauté internationale pour protéger les civils, rétablir la loi et assurer la circulation des travailleurs humanitaires et des fournitures vitales.
- Une augmentation des financements pour répondre aux besoins des personnes en situation de vulnérabilité, en veillant à ce que l’aide parvienne aux populations touchées le plus rapidement possible.
- La protection des écoles, des hôpitaux et des autres infrastructures essentielles dont dépendent les enfants, ainsi qu’à la sauvegarde des espaces humanitaires.