Au Myanmar, j’étudiais six matières mais lorsque je suis arrivé ici, je n’ai pas pu poursuivre mes études.

Que se passe-t-il exactement ?

Depuis 2017, les Rohingyas fuient les persécutions et les violences au Myanmar. Ils ont trouvé refuge parmi la population déjà vulnérable de Cox’s Bazar, au Bangladesh. Deux ans plus tard, ce sont encore 1,2 million de personnes – dont 683 000 enfants – qui ont besoin d’une aide humanitaire.

Quelles sont les conditions de vie à Cox’s Bazar ?

Pour une grande majorité, les réfugiés vivent dans plusieurs camps surpeuplés, construits à partir de bambou et de bâches. Bien que la situation dans les camps de Cox’s Bazar soit plus ou moins stable, les dangers y sont bien réels. En effet, la violence et le trafic d’êtres humains y sont une réalité du quotidien. La présence de mousson constitue également un défi dans ces camps, souvent bâtis sur un terrain instable.

Et maintenant ?

Les causes profondes de cette violence, qui a poussé les Rohingyas hors du Myanmar, ne sont pas encore résolues. Aucune condition n’a été fixée pour permettre aux réfugiés de rentrer chez eux. Pour le moment, les réfugiés rohingyas n’ont donc d’autre choix que de rester au Bangladesh.

La soif d’apprendre

Ces enfants et jeunes vivent dans un no man’s land depuis bien trop longtemps déjà. Ils aspirent désespérément à obtenir des opportunités d’enseignement à travers lesquelles ils pourraient préparer au mieux leur avenir.

L’UNICEF et ses partenaires ont jusqu’à présent permis à 192 000 enfants rohingyas, âgés de 4 à 14 ans, d’accéder à l’enseignement. Tous sont inscrits dans l’un des 2 167 centres d’apprentissage créés par l’UNICEF et ses partenaires, immédiatement après le début de l’exode des réfugiés en 2017. 640 centres supplémentaires sont cependant encore nécessaires pour accueillir 25 000 autres enfants, âgés de 3 à 14 ans.

L’enseignement à destination des adolescents

Tandis que la qualité de l’enseignement à destination des jeunes enfants s’améliore, tant par la formation des enseignants que par la mise à disposition de matériel d’enseignement, un programme complet reste à être élaboré pour les adolescents. Leur situation est en effet la plus problématique : 97 % des enfants âgés de 15 à 18 ans ne bénéficient actuellement d’aucune forme de scolarisation.

De nombreux parents craignent que ces jeunes deviennent victimes d’abus et d’exploitation si cette situation tend à persister. En effet, ils n’ont pas grand-chose pour s’occuper, et l’ennui mène souvent à des frustrations ou des situations problématiques.

 

Nous avons ouvert environ 100 clubs de jeunes pour ces adolescents. Nous mettons également en place un réseau de centres de jeunesse en vue d’offrir un soutien psychosocial et de dispenser des cours permettant d’acquérir les compétences de bases (lire, compter, écrire), mais aussi des aptitudes concrètes pour la vie quotidienne et des compétences professionnelles pouvant déboucher sur un métier. En mai 2019, 21 de ces centres étaient opérationnels.

L’enseignement des filles témoigne du plus grand retard car une fois qu’elles atteignent la puberté, elles sont bien souvent retirées de l’école par leur famille. Des enquêtes révèlent qu’il est extrêmement compliqué de changer cette tradition. Des initiatives, telles que des cours par roulement dans le cadre desquels les garçons sont en classe à un autre moment que les filles, sont testées.

 

Le manque d’enseignement n’est qu’un obstacle parmi tant d’autres, que doivent affronter les enfants et familles de Cox’s Bazar. Au fil du temps, il devient toujours plus essentiel de construire des ponts vers la communauté locale, de préserver la santé des enfants, de veiller à ce qu’ils aient de la nourriture saine et en suffisance et de leur garantir l’accès à l’eau potable et à des installations sanitaires. C’est dans ces domaines qu’interviennent l’UNICEF et ses partenaires.

La construction de ponts

Bien que le Bangladesh et sa population aient accueilli les réfugiés rohingyas à bras ouverts, leur arrivée a entrainé une pression considérable sur les communautés locales, dont les indicateurs en matière de bien-être infantile étaient d’ores et déjà négatifs. C’est pourquoi l’UNICEF et ses partenaires ont également pris en compte les besoins de la communauté locale et les a intégrés aux aides apportées aux réfugiés.

Ces efforts incluent, entre autres, le dépistage de la malnutrition aiguë, la construction de nouvelles pompes à main pour l’approvisionnement en eau et des conseils de santé dispensés à destination de milliers de jeunes enfants dans des services gouvernementaux et cliniques communautaires. Des clubs de jeunes sont également créés pour permettre aux enfants rohingyas et aux enfants issus des communautés locales de se rencontrer.

La création d’espaces sécurisés

Étant donné que la situation des réfugiés rohingyas se prolonge indéfiniment, la protection des enfants – et surtout des filles et enfants souffrant d’un handicap – contre les violences, le trafic d’êtres humains et d’autres dangers demeure un point capital.

En dépit des investissements réalisés dans l’éclairage public, les camps peuvent être dangereux la nuit pour les femmes et les filles (si elles doivent aller aux toilettes, par exemple).

C’est la raison pour laquelle l’UNICEF et ses partenaires ont créé plusieurs espaces sécurisés, certains statiques, d’autres mobiles, à destination des femmes et des filles. Nous organisons en outre des actions de sensibilisation au sein des camps. Le personnel est formé pour venir en aide aux femmes étant victimes de violences.

La prévention de l’apparition de maladies

Dès le début de la crise des réfugiés, en 2017, les conditions de vie ont été difficiles au sein des camps et une possible épidémie de choléra nous a inquiétés. En dépit du succès obtenu par une campagne de vaccination contre le choléra ayant permis d’immuniser plus d’1,2 million d’enfants et adultes, tant dans les camps de réfugiés qu’au sein des communautés locales, nous nous devons de rester vigilants.

La lutte contre la malnutrition

Lorsque la crise des réfugiés rohingyas a commencé, la malnutrition était considérée comme l’une des plus grandes menaces pour les jeunes enfants. La plupart d’entre eux avaient fui l’une des régions les plus pauvres du Myanmar, et avaient dû endurer un voyage pénible avec peu de moyens et de soins.

Grâce à d’intensifs efforts de la part de plusieurs organisations humanitaires sous la houlette du gouvernement du Bangladesh, la malnutrition des enfants âgés de moins de cinq ans est passée de 19 à 11 pour cent.

Entre autres, environ un millier de bénévoles issus des communautés locales dotés des compétences nécessaires ont été mobilisés pour dépister la malnutrition des enfants. Avec l’aide de l’UNICEF, ces bénévoles ont pu contrôler en moyenne 135 000 enfants par mois en 2019. 

La situation s'est stabilisée. Elle reste néanmoins préoccupante, compte tenu des mauvaises conditions d’hygiène et du manque d’installations sanitaires, de la surpopulation et du coût élevé qu’implique la fourniture de repas adaptés et nutritifs aux enfants.

L’accès à l’eau potable

Jusqu’à récemment, la plupart des habitants des camps dépendaient de pompes à main peu fiables, qui fournissaient bien souvent de l’eau polluée. Le nombre de familles ayant accès à une eau courante plus saine augmente cependant progressivement. En mai 2019, 250 000 réfugiés vivant dans les camps, dont l’UNICEF a la responsabilité, avaient déjà accès à l’eau.

L’objectif est de pourvoir tous les réfugiés des huit camps en eau potable d’ici la fin 2019.