Les conséquences de la crise climatique sont de plus en plus visibles et se rapprochent chaque jour un peu plus. Même les extrapolations les plus optimistes prévoient qu'au moins 60 % des enfants du monde seront touchés par les effets du réchauffement climatique d'ici à 2050 (c'est-à-dire en l'espace d'une génération). Au cours des six dernières années, quelque 43 millions d'enfants dans 44 pays ont dû fuir des phénomènes météorologiques extrêmes avec leur famille.
Selon l'UNICEF, les enfants de certains pays, et en particulier ceux issus de groupes vulnérables tels que les filles, sont exposés à des risques disproportionnés en termes de santé et de protection dans le cadre du dérèglement climatique.
L'Organisation Mondiale de la Santé souligne également qu'aujourd'hui, 88 % de la charge de morbidité imputable au changement climatique est déjà supportée par les enfants de moins de cinq ans. L'année dernière, des chaleurs extrêmes, des cyclones ou des inondations ont à nouveau mis sous pression le droit à la santé, à l'éducation, à l'alimentation, à l'eau potable et à la protection de plusieurs millions d'enfants, entre autres, dans de nombreuses régions du monde.
Les enfants belges ne sont pas épargnés non plus. D'ici 2050, tous les enfants seront confrontés à des vagues de chaleur plus longues, plus intenses et plus fréquentes. Des études récentes ont montré à nouveau que les précipitations extrêmes seront plus fréquentes que ce que l’on prévoyait. La mauvaise qualité de l'air en Belgique reste l'un des principaux défis à relever par rapport au droit à la santé des enfants. Les enfants sont particulièrement vulnérables à la pollution atmosphérique parce qu’ils respirent plus rapidement et sont moins résistants.
Dans sa dernière Observation générale, le Comité des droits de l'enfant des Nations unies, qui veille au respect de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, a également souligné que la réalisation des droits de l'enfant est soumise à des pressions telles que la pollution environnementale, la crise de la biodiversité et le changement climatique. L’année dernière, le Comité des droits de l'enfant a aussi rédigé un avis détaillé sur ce sujet, assorti de recommandations claires.
En tant qu’Etat partie à la Convention, la Belgique est donc également tenue de reprendre et d'appliquer les recommandations du Comité des droits de l'enfant des Nations unies.
Lors des dernières négociations sur le climat à la COP 27, à Charm-el-Cheikh, la Belgique a été l'un des premiers pays à signer la déclaration en faveur des enfants, des jeunes et de l'action pour le climat, dans laquelle elle a inclus plusieurs engagements. En tant qu'organisations des droits de l'enfant, nous demandons à la Belgique de transformer ces engagements en actions concrètes, notamment en contribuant au succès des négociations.
Bien que les enfants et les jeunes soient les moins responsables des défis climatiques qui se posent à nous, ce sont eux et les générations futures qui en subissent les conséquences les plus importantes. Ils ne le savent que trop bien. Le mois dernier, plus de 100 enfants, issus de 19 écoles et organisations différentes, se sont réunis à Bruxelles pour discuter du climat avec des experts. Le commentaire "Ecoutez-nous !", présent dans la bouche de nombreux jeunes, a rythmé les débats de cette journée.
Le Sommet sur le climat, la COP28 qui aura lieu à Dubaï, sera l'occasion pour le monde de s'unir et de saisir ce moment crucial pour répondre aux espoirs et aux demandes des enfants et des jeunes. Les dirigeants mondiaux doivent prendre des mesures décisives lors de la COP28 pour garantir un avenir durable à chaque enfant. Ils doivent notamment mettre l'accent sur la protection des services sociaux essentiels pour les enfants et sur l'élimination complète des combustibles fossiles dans les plus brefs délais.
En tant qu'organisations des droits de l'enfant, nous pouvons difficilement nous satisfaire du plan climatique belge qui vient d'être présenté. Pour les générations futures, il n'est plus question de perdre du temps avec des ambitions qui ne sont pas à la hauteur des problèmes et de cultiver l’ambiguïté quant à la manière d'atteindre les objectifs convenus. Si l’on veut réaliser les droits de l'enfant, il faudra assumer les responsabilités, ne pas s’en défausser sur d’autres et abandonner définitivement la stratégie de la « patate chaude ».
Signataires : ATD Quart-monde jeunesse - Coordination des ONG pour les droits de l’enfant - Défense des Enfants International Belgique - Fédération des Initiatives Locales pour l'Enfance (F.I.L.E. ASBL) – GAMS- Le Délégué général aux droits de l'enfants – KIYO - la Ligue des Droits Humains - Plan International Belgique - Réseau Belge de Lutte contre la pauvreté (BAPN)- Réseau Wallon de lutte contre la pauvreté - Service droit des jeunes de Bruxelles - UNICEF Belgique
Info : Les organisations des droits de l'enfant se rassembleront le dimanche 3/12 à la fontaine Pol Bury à Bruxelles, en compagnie d'autres groupes de jeunes et de Grands-Parents pour le climat. Départ prévu à 13h, rassemblement à partir de 12h30.