Dès les premières secousses, des centaines de maisons se sont écroulées. A ce moment-là, la mère d’Agamemnon, Angeliki Stefanatou, était occupée à préparer le dîner pour la famille, en songeant au bébé qui allait naître dans les deux semaines. Elle a vu le mur s’effondrer à côté d’elle et elle a été propulsée dans le jardin. Elle s’est désespérément accrochée à l’un des anciens figuiers qui produisaient les fruits les plus doux de l’île.

Quand j’ai levé les yeux, il me semblait que toute l’île était en train de brûler, » raconte Angeliki, qui a 90 ans aujourd’hui. Elle s’en souvient comme si c’était hier. « Mais il n’y avait pas de feu : la fumée venait des maisons détruites.

Les photos de cette période présentent une troublante ressemblance avec les désastres plus récents, tels que le séisme au Népal en 2015. De la même façon, les survivants ont dû faire face à la perte de membres de leur famille et d’amis, ainsi qu’au manque d’eau, de nourriture et de vêtements.

« Après les premières secousses, ma mère a été amenée dans une tente. C’était une tente de fortune, » continue Agamemnon. « Il y avait des courants d’air, il faisait froid  et la tente n’était pas étanche. Elle est tombée gravement malade. »
 

Quand Agamemnon est né, ses chances de survie étaient faibles – Angeliki ne pouvait pas produire assez de lait pour l’alimenter.

« C’est à ce moment que l’UNICEF est arrivé », explique-t-il. « Ils nous ont apporté des vêtements et du lait. C’est la raison pour laquelle je suis vivant aujourd’hui. »

Angeliki se rappelle à quel point l’assistance était vitale pour elle et pour son bébé : « Ils m’ont donné une grande boîte remplie de nouveaux vêtements, de nourriture, de fromage, de lait, de chocolat et de biscuits. C’est vraiment à ce moment-làque j’ai repris espoir.»

La vie sur l’île de Céphalonie était difficile après le tremblement de terre. La reconstruction a pris beaucoup d’années et les enfants ont grandi dans une situation difficile où il n’y avait pas assez de nourriture. Mais pendant plusieurs années, des boîtes UNICEF continuaient d’arriver pour les enfants dans le besoin.

« Tous les trois mois, nous recevions une boîte avec des vitamines, du chocolat, des jouets… C’est ainsi que nous avons réussi à rester en bonne santé. Je dois ma vie à l’UNICEF, raconte Agamemnon, ses yeux remplis de larmes.

Aujourd’hui, il est difficile de s’imaginer que la Céphalonie a survécu à une tragédie de cette ampleur. L’île pittoresque et verte baigne dans le soleil et surplombe les eaux turquoises et paisibles de la mer ionienne. A côté de la maison reconstruite d’Agamemnon, de gros raisins juteux et des rangées d’oliviers rappellent que la vie continue.

« J’ai bien réussi en affaires,” dit Agamemnon fièrement. Il a commercialisé l’un des premiers fours à pizza au Canada avant de rentrer dans son île natale où il a ouvert un petit hôtel. « Aujourd’hui, je partage ma vie entre la Grèce et les Etats-Unis, où vivent mes deux filles. »

Pour Agamemnon, le début de l’histoire de sa vie et l’espoir que l’UNICEF a apporté, lui ont donné la force et le courage dont il avait besoin pour surmonter chaque défi dans la vie.

Plusieurs années après le séisme et inspirée par les histoires que sa grand-mère lui avait raconté quand elle était petite, la fille d’Agamemnon, Katja, a rejoint l’équipe de l’UNICEF aux Etats-Unis.

“Et moi, je donne de l’argent à l’UNICEF parce que je sais qu’ils font du bon boulot,” raconte Agamemnon avec le sourire. « Vous savez, il y a encore tant d’enfants dans le besoin. Nous devons les aider. Généreusement.”