Les hôpitaux ukrainiens accueillent les patients dans des sous-sols et les femmes accouchent dans des maternités de fortune où les équipements médicaux sont limités au minimum. Certains hôpitaux n'ont plus accès à l'eau et à l'électricité.

C'est dans un sous-sol d'une de ces maternités de Kiev que Vera, la petite fille de Yuliya, 38 ans, vient de voir le jour. Un départ compliqué dans la vie.

"Nous sommes ici dans ce sous-sol et nous avons déjà beaucoup pleuré", dit Yuliya. "C'est terrifiant d'entendre constamment les bombardements. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour sauver nos enfants."

Il a fallu deux jours à Yuliya pour se rendre à pied de sa maison située à la périphérie de Kiev au centre périnatal régional de la capitale ukrainienne. En raison de la violence qui dévaste tout le pays, Yuliya n'a eu d'autre choix que de chercher un endroit sûr pour donner naissance à son enfant. À certains moments, elle craignait de ne pas arriver du tout à cause des fréquents bombardements.

"J'ai dû traverser des champs et des forêts", dit-elle. Elle ajoute qu'elle ne pouvait pas se rendre dans n'importe quelle maternité. La jeune femme souffre en effet de problèmes de santé, et tous les hôpitaux ne pouvaient pas l'aider à accoucher en toute sécurité. "Mais heureusement, je peux tenir mon bébé dans mes bras aujourd'hui et je suis toujours en vie."

Yuliya n'est qu'une femme parmi de nombreuses autres qui vivent dans le centre, dont le sous-sol a été transformé en maternité de fortune. La plupart de ces femmes ne sortent de la cave que lorsque c'est nécessaire - pour se laver, ou pour aller chercher quelque chose à manger.

Mais la dernière fois que Yuliya a quitté le sous-sol, elle a vu de la fumée dehors et entendu des explosions. Elle craint désormais de laisser sa fille seule dans la cave, de crainte d'être séparée d'elle.

Nataliya Heynts, directrice du centre, affirme que la situation est extrêmement difficile pour les familles. "Il est impossible de se préparer à cela", dit-elle. "Il règne un froid glacial ici et tout est sombre car il n'y a pas de prises électriques." 

Le personnel médical du centre travaille sous une pression extrême. Les médecins et les infirmières pratiquent des accouchements pendant que les bombardements se poursuivent à l'extérieur. Ils travaillent souvent sans une alimentation électrique stable. Plusieurs personnes de l'équipe sont parties avec leur famille. Nataliya et ses collègues qui restent assument des tâches multiples.

"Je travaille comme cuisinière, comme médecin et comme chirurgien", dit-elle. "Mais il est de notre responsabilité d'être là et de nous assurer que le centre reste opérationnel". 

 

Outre les services d'accouchement, le centre offre également un accueil temporaire à de nombreuses femmes. "Elles ne peuvent pas rentrer chez elles", dit Nataliya, "car elles n'ont tout simplement plus de maison. Nous devrons trouver d'autres solutions."

Malgré la violence actuelle, l'UNICEF reste sur le terrain en Ukraine. En coopération avec l'administration de la ville de Kiev, nous avons livré du matériel médical, des produits d'hygiène et d'autres fournitures aux maternités et aux hôpitaux pour enfants de la ville, dont ce centre, par exemple.

"Nous avons reçu des concentrateurs d'oxygène, des laryngoscopes, des balances, des vêtements et des gants de protection", explique Nataliya.  "Ce matériel sera utilisé pour les femmes qui doivent accoucher, pour les nouveau-nés et les prématurés dont nous nous occupons actuellement."  

Yuliya ne sait que trop bien à quel point les fournitures médicales sont importantes pour les familles. Mais elle ajoute que son souhait le plus cher est que tout le monde reste en vie et que la paix revienne.

 

L'UNICEF met tout en œuvre pour livrer du matériel médical et des fournitures d'urgence à plus de 100 hôpitaux et établissements de santé en Ukraine.

Les fournitures d'urgence expédiées depuis notre division des approvisionnements, à Copenhague, sont arrivées par camion à Lviv le 5 mars, dans le cadre d'un convoi de six camions transportant environ 62 tonnes de marchandises. Il s'agit notamment :

  • d'équipements de protection individuelle pour protéger le personnel soignant contre la COVID-19
  • de médicaments et trousses de premiers soins
  • de kits pour sage-femme
  • de matériel chirurgical et de concentrateurs d'oxygène
  • de matériel didactique et récréatif pour les jeunes enfants

Le 6 mars, l'UNICEF a livré 40 tonnes de matériel médical à 22 hôpitaux dans cinq des régions les plus touchées, ainsi que des trousses de premiers soins, des kits de sage-femme, des médicaments et des équipements de protection individuelle. D'autres matériels de secours sont en cours d'acheminement via la Pologne, dont 17.000 couvertures et vêtements d'hiver provenant de l'entrepôt du bureau de pays de l'UNICEF à Mersin, en Turquie.

Le Fonds pour l'enfance apporte également de l'eau potable par camion dans les zones de conflit et soutient les équipes mobiles qui assurent la protection des enfants et apportent une assistance psychologique aux enfants traumatisés.

L'UNICEF réitère son appel en faveur d'une cessation immédiate des hostilités en Ukraine afin de permettre le transit de davantage d'aide humanitaire et de donner la possibilité aux familles de se procurer de la nourriture et de l'eau, de recevoir des soins médicaux ou de quitter leur domicile pour se mettre en sécurité.