Lors d'une séance d'information, Fatoumata insiste sur la nécessité des contrôles prénatals et sur l’importance d’accoucher sous la supervision de médecins, d'infirmières et de sages-femmes. Cet encadrement médical qui peut faire la différence entre la vie et la mort d'un nouveau-né.

Fatoumata donne également des conseils sur le développement cognitif des enfants. Elle explique aux parents de Baraouéli qu’il est important de jouer avec leurs enfants et de passer du temps ensemble pour stimuler leur développement.

La famille Doumbia est l'une des nombreuses familles du village à pouvoir compter sur les connaissances et le soutien de Fatoumata. Djénéba, 35 ans, a suivi ses conseils et a donné à sa fille Assitan, 3 mois, un excellent départ dans la vie.

"J'ai assisté à l'une des séances de Fatoumata lorsque j'étais enceinte de six mois", raconte Djénéba, qui tient Assitan dans ses bras. "Grâce à ses conseils, j'ai fait quatre contrôles de routine durant ma grossesse, j'ai accouché au centre de santé et mes deux enfants ont été vaccinés selon un calendrier de vaccination précis."

La fréquentation du centre de santé local a énormément augmenté depuis le lancement de l'initiative Mama Yeelen. Elle permet de sauver de nombreux enfants et leur donne toutes les chances de s’épanouir en bonne santé.
 

Bassan Koita (au centre de la photo) est elle aussi une mama Yeleen. Elle est originaire de Yorosso à Sikasso, une région du sud du Mali.  Bien que cette région soit l'une des plus fertiles du pays, de nombreux enfants y souffrent de malnutrition chronique et de retards de croissance.

" Les retards de croissance sont dus principalement à une alimentation trop peu variée, ce qui est paradoxal quand on sait à quel point la production agricole est importante dans notre région. C'est pour cela que nous parlons fréquemment du paradoxe de Sikasso", explique Abdoulaye Koné, le spécialiste de la nutrition au sein de la direction régionale de la santé à Sikasso.

L’ignorance, certaines croyances locales et des pratiques agricoles ou commerciales particulières ont un impact défavorable sur l’alimentation des enfants et les empêchent souvent de recevoir les repas nutritifs et équilibrés dont ils ont besoin pour grandir en bonne santé. "J'étais convaincue que les enfants nourris aux œufs commenceraient à parler plus tard", se souvient M. Minata.

Un autre problème se pose également. Il concerne les pratiques agricoles et commerciales. La plupart des fruits et légumes riches en nutriments sont vendus sur les marchés alors qu’ils devraient être réservés à la consommation domestique.

Nous avons pu inverser cette tendance en collaborant avec le centre de santé local, dans le cadre d'un projet conjoint avec l’Union européenne. L’initiative a rassemblé des mères modèles qui animent des groupes de soutien nutritionnel destinés aux mamans. Bassan Koita fut l'une des premières à se lancer dans cette belle aventure.
Bassan lutte contre la malnutrition en donnant des conseils nutritionnels et des conseils sur la santé, et l'alimentation aux jeunes mères. Elle partage ses connaissances avec d'autres mamans en termes simples et à l'aide de graphiques colorés.

"J'adore ce rôle !", déclare Bassan, qui dirige le groupe depuis quelques années déjà. Son travail est axé sur la prévention de la malnutrition chronique qui génère des retards de croissance. Ces derniers peuvent avoir un impact sur les enfants tout au long de leur vie. Non seulement les retards de croissance peuvent compromettre le développement physique et cognitif de l'enfant, mais ils peuvent aussi affaiblir son système immunitaire et, plus tard, affecter la concentration et les performances scolaires.

" Il est très important que j'allaite exclusivement mon bébé jusqu'à l'âge de 6 mois. Ce n'est pas seulement bon pour le développement de son cerveau, mon enfant sera aussi plus résistant aux maladies ", explique Kadiatou Dao, 26 ans, après avoir appris lors de la session de Bassan que le lait maternel est essentiel pour la santé et le développement des jeunes enfants.
 

Bassan poursuit la leçon. "L'allaitement exclusif au sein jusqu'à six mois est très important", explique-t-elle à un groupe de nouvelles mamans dans son village natal de Koury. "Une fois cette période passée, il faut commencer à préparer du porridge enrichi avec de la semoule de maïs, de l'eau bouillante, du sel, de l'huile et du sucre. Vous pouvez aussi donner des légumes, des fruits et du lait."

Le travail de Bassan et des autres mères modèles concourt à d’importants progrès. Le nombre d'enfants souffrant de retards de croissance est descendu à 15,4 %, passant ainsi d'une situation "précaire" à une situation "acceptable" sur l'échelle de mesure de l'OMS.

"Il y a bien sûr des défis ", explique-t-elle. "Certaines personnes sont parfois obstinées. Il n'est pas facile alors de promouvoir un changement de comportement. Cela peut prendre du temps. Mais être une mère modèle, est une chose tellement gratifiante pour moi."

Le succès de l'initiative à Yorosso prouve que des solutions simples et peu coûteuses, telles que la promotion de l'allaitement maternel et d’une alimentation complémentaire appropriée, peuvent donner d'excellents résultats pour prévenir la malnutrition et préserver le potentiel de toute une génération d'enfants.