Le Yémen, déchiré par la guerre, n'a pas dû attendre la pandémie de COVID-19 pour devenir le pays touché par la crise humanitaire la plus grave du monde.
La COVID-19 se répand rapidement au Yémen. Les médias, le personnel soignant, qu’ils soient nationaux ou internationaux, les familles impactées et tous les témoins sur place sont unanimes pour dire que le virus gagne du terrain dans tout le pays.
Pourquoi ? Parce que les barrières sont insuffisantes : comment arrêter un virus tel que la Covid-19 quand vous disposez à peine d’eau potable et de savon ?
Le Yémen est l’un des pays les plus touchés au monde par les pénuries d’eau. L’accès à ce bien précieux s’est encore compliqué quand la guerre est arrivée. Depuis 2015, nos équipes travaillent sans relâche à la réfection ou à la remise en état de sources ou de points d’eau.
Environ 4 millions de personnes au Yémen sont complètement dépendantes de l’UNICEF pour leur approvisionnement en eau. La moitié sont des enfants.
Les infrastructures de santé du Yémen, qui fonctionnaient à 50 % seulement de leurs possibilités avant la crise du coronavirus, manquent cruellement d’équipements pour faire face à la pandémie. Les salaires du personnel médical et soignant ont été ramenés leurs niveaux les plus bas ou ont tout simplement été supprimés.
Les unités encore en fonctionnement sont désormais utilisées pour traiter les patients infectés par la COVID-19, ce qui réduit encore l’accès des enfants aux soins de santé. Beaucoup d’hôpitaux sont dépourvus des équipements de base pour combattre le virus : masques, gants de protection. Que dire alors des respirateurs artificiels ? …
Les écoles n’ont pas été épargnées non plus. Beaucoup sont fermées.
Avant la COVID-19, près de 2 millions d’enfants étaient déjà privés d’école. Ensuite, avec la fermeture des établissement scolaires, ces sont 7,8 millions d’enfants qui n’ont plus eu accès à l’éducation.
« Ici les enfants ne peuvent pas accéder à un enseignement à distance. Et dans certaines régions, il est tout à fait impossible de jouer à l’extérieur. Récemment, 12 enfants ont trouvé la mort à la suite d’un raid aérien », raconte Beysolow Nyanti.
Des enfants sous-alimentés qui ne reçoivent plus de traitement
La situation de ces enfants est un vrai crève-cœur pour les parents. “Près de 2 millions d’enfants souffrent de malnutrition et ne recevront pas de traitement parce que de nombreux hôpitaux sont submergés par les patients victimes de la COVID-19, » explique Sara Beysolow Nyanti. « Pour les enfants, la situation est catastrophique et très angoissante ».
A mesure que le virus se répand, des dizaines de milliers d’enfants souffrant de sous-alimentation risquent mourir. On estime à 2,4 millions le nombre d’enfants de moins de 5 ans qui souffrent de malnutrition, toutes formes confondues
La COVID-19 impacte à la fois l’offre alimentaire que l’on trouve sur les marchés mais aussi les revenus et les salaires des Yéménites. Les mesures adoptées pour enrayer la progression de l’épidémie ont entraîné des retards au niveau des approvisionnements et de la logistique.
C’est une véritable course contre la montre que nous avons entreprise pour faire barrage au coronavirus en approvisionnant les centres de santé et les services d’urgence en matériel médical de première nécessité.
Nous avons livré ainsi 80 tentes permettant la création de lieux de quarantaine et distribué dans tout le pays des vêtements et accessoires de protection à au moins 1.600 travailleurs de santé travaillant en première ligne, sur le terrain, dans les hôpitaux ou dans des unités d’isolement.
Nous continuons à vacciner les enfants et veillons à ce qu’ils disposent d’eau potable. Sans cette ressource précieuse, ils s’exposent à des maladies mortelles telles que la malaria, le choléra, et la COVID-19. Beaucoup d’enfants ont un système immunitaire déprimés en raison de diverses formes de malnutrition.
Des travailleuses de la santé, soutenues par l'UNICEF, traversent le pays à pied pour atteindre les familles privées de soins de santé vitaux en raison des combats en cours.
Elles font du porte à porte afin d’expliquer à la population comment se protéger du COVID-19. En se lavant fréquemment les mains, en évitant les poignées de mains et les lieux trop fréquentés. C’est également l’occasion pour elles de vérifier si les enfants des familles qu’elles visitent ne souffrent pas de sous-alimentation.
En raison de l’insécurité qui règne dans le pays, l’UNICEF est l’une des rares organisations encore présentes au Yémen. Les besoins humanitaires n’ont encore jamais été aussi importants au Yémen et le financement n’a encore jamais été aussi bas.
« Je sais que c’est une situation exceptionnelle. Tous les pays sont touchés par un même problème, » nous dit Sara Beysolow Nyanti. « Mais ici, au Yémen, 12 millions d’enfants ne peuvent rien faire d’autre que d’attendre notre aide. Ils ont besoin de nous, maintenant plus que jamais. »
Aucun enfant ne devait vivre de telles situations. Nous mettons tout en œuvre pour aider ces enfants. Mais nous allons bientôt manquer de moyens financiers. Pour beaucoup d’enfants au Yémen, un don peut faire la différence entre la vie ou la mort.
Nous avons besoin d’urgence de votre soutien afin de pouvoir poursuivre nos programmes au Yémen. Grâce à votre contribution, nous sauverons des enfants atteints de malnutrition et pourrons protéger les plus vulnérables.