La détention est toujours une violation des droits de l’enfant

Pour l’UNICEF, la mise en détention d’enfants pour cause de migration constitue toujours une atteinte aux droits de l’enfant et une violation du principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, principe juridique qui oblige les adultes à faire ce qu’il y a de mieux pour chaque enfant.

UNICEF Belgique demande à l’État belge de renoncer à son projet d’enfermement d’enfants. Pour rappel, la détention d’enfants migrants en Belgique avait été stoppée depuis 2008 suite aux condamnations de la Cour européenne des droits de l’Homme et aux actions de la société civile. La Belgique s’était ainsi positionnée comme un modèle dans ce domaine. Nous ne pouvons accepter cette régression. Nous voulons des conditions de vie dignes pour tous les enfants en Belgique, indépendamment de leur statut migratoire. Nous sommes consternés par cette décision prise par le gouvernement belge qui ne respecte pas ses engagements envers les enfants de recevoir la meilleure protection et les meilleurs soins possibles. La Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe et le Comité des droits de l’enfant ont d’ailleurs épinglé la Belgique dans ce dossier.

Un impact considérable

Des études montrent que même emprisonnés pour une période très courte, des enfants peuvent ressentir des troubles psychologiques sévères tels que la dépression, des troubles d’anxiété, mais aussi des cauchemars ou des insomnies. Certains rapports font aussi état de taux élevés de suicide, d’automutilations et de problèmes de développement. Ils seront marqués à vie. Les enfants ressentent l’isolement et un sentiment d’infériorité.

L’enfermement des enfants a aussi un impact sur la société. La détention risque en effet d’étiqueter les enfants migrants ou demandeurs d’asile comme des criminels et de la sorte favoriser l’exclusion et la stigmatisation. Elle peut également générer des sentiments de défiance et d’injustice chez les enfants à l’égard de leur nouvel environnement et des autorités.

Le 4 avril 2019, le Conseil d’ Etat a suspendu l’exécution de l’arrêté royal organisant la détention de familles avec enfants dans les unités familiales du centre 127bis. Le Conseil d’Etat motive principalement son arrêt au regard des nuisances sonores dues à la proximité de l’aéroport. Il considère en outre que l’organisation du centre fermé ne peut pas garantir la vie de famille et la vie privée des familles qui y sont enfermées.

Par conséquent, plus aucune famille avec enfant ne peut être enfermée dans les unités familiales du centre 127bis. Si cette décision de justice est un pas dans la bonne direction, la situation en Belgique reste largement insuffisante : il faut modifier la loi et mettre définitivement fin à la détention des enfants sur la base de leur statut migratoire.

La détention ne fonctionne pas

Il a été prouvé, au niveau international, que la détention des enfants et de leurs familles n’est pas efficace et est même contre-productive.
L’UNICEF recommande par contre un accompagnement des familles dès l’arrivée. Si retour il y a dans le pays d’origine, celui-ci doit être préparé pendant plusieurs mois et jamais forcé. Une évaluation des besoins de l’enfant doit aussi être réalisée, basée sur ses droits et son intérêt supérieur.

Muzon Almellehan est un militante et réfugiée syrienne qui a été réinstallée au Royaume-Uni. Elle est connue pour son travail en faveur de la scolarisation des jeunes filles syriennes. En juin 2017, elle est devenue la plus jeune ambassadrice de bonne volonté de l'UNICEF. Lors de sa visite à UNICEF Belgique, elle a donné sa vision sur la détention des enfants migrants.